L’EFFORT SYBERNÉTIQUE

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L'effort Sybernétique - effort juste

(ou : effort juste)Question : sur une échelle de 1 à 10, l’intensité de l’effort juste se situe à combien selon vous?

RÉPONSE :

Cela va dépendre entièrement de la personne et du contexte  Un jour, être à 3 me suffira amplement, vu le contexte (ma vie). Et je progresserai, ou au moins je ne me mettrai pas en condition de régresser ou de me blesser.

Un jour, je vais être à 10, car les conditions s’y prêtent.

Je sais que faire toujours 3 sera insuffisant, et toujours 10 sera dangereux…L’appréhension de l’effort juste vient lorsqu’on est moins dissocié. Elle vient donc d’un travail de reconnexion à soi, qui passe par un travail de Gnothi seauton (connaissance de soi). On parvient à être de plus en plus à l’écoute de soi, en adaptant nos efforts au contexte.

Il s’agit donc d’un double pilotage : à la fois par l’écoute de processus inconscients qui nous gouvernent, à la fois par une réflexion consciente, analytique.

C’est cela se pencher sur la commande de la commande  Si l’effort juste est ponctuel, relatif au contexte, parvenir à sa maîtrise va se faire en observant de longues périodes d’entraînement.

C’est en tâtonnant qu’on voit si, sur la base d’un entraînement précis et suivi sérieusement, notre appréhension de l’effort, de son intensité, est la bonne. Si on progresse, c’est bon. Si on se sent bien, c’est bon. Si notre croissance affective est effective, c’est bon. Si notre milieu familial est apaisé, lorsqu’on est en couple, avec ou sans enfants, c’est bon.

Si on se sent tout le temps fatigué, c’est pas bon. Si on se blesse régulièrement, c’est pas bon. Si on vit replié sur soi, voire entièrement focalisé sur l’entraînement, c’est pas bon. Si on est en désespérance affective, c’est pas bon.

Car ce sont des signes d’une mauvaise reconnexion à soi, d’une dissociation encore forte et prégnante.

Et même si on progresse, il va falloir se dire qu’on doit calculer et encore calculer cet effort juste, mieux construire ce “double pilotage” qui nous permet d’être au plus proche d’une efficience parfaite.

L’effort juste est issu d’une combinaison de facteurs, qui ne sont pas directement liés, tous, au strict entraînement de musculation.

En réalité, l’effort juste est un phénomène qui engage la globalité de notre vécu; pas juste la musculation.En général, si l’effort n’est pas juste en musculation, il n’est pas juste au travail, en amour, avec nos enfants, etc.L’effort juste naît d’une forme aboutie de rapport à la commande de la commande (sybernétique).

Parfois, il va falloir prendre du recul, mettre la pédale douce, pour un court moment ou plus longuement. Etre à 3 sur 10…

Et l’effort sera juste car on se sentira mieux, plus combatif au bout d’un moment, plus en contrôle de notre vie.

Parfois, les conditions se prêtent à ce qu’on soit au maximum de notre intensité, voire hors de la zone de confort. Cela nous fera du bien, compensera peut-être un chagrin, une grosse frustration, si notre état de santé le permet.

A 10 sur 10, on sera dans l’effort juste !Et on peut être à 3 en musculation, et 8 en amour, ou 6 avec nos enfants….L’effort juste n’a pas à être égal dans tous les domaines de notre vie.

Comprenez bien ce que j’ai déjà expliqué en citant Gregory Bateson : il existe une économie de la souplesse. C’est-à-dire que l’organisme humain, le système-individu, ne peut réaliser qu’un nombre donné d’efforts, de transformations, en un temps donné.Donc les intensités que vous déployez dans vote vie se cumulent !Parfois, compte tenu du contexte de votre vie, vous pouvez être à 8 partout et c’est très bien ainsi, car vous vous sentez bien, gratifié, affectivement au top.Parfois il va falloir moduler, avec un 3 ici, un 8 là, un 6 ailleurs…

C’est cela que j’appelle être stratégique.Pouvoir le faire prouve ce que j’appelle la “souplesse adaptative” d’une personne.

Et bonus des bonus, si on est stratège dans le cadre de notre vie entière, l’effort juste nous mènera plus aisément à la reconnexion à soi, ou nous évitera de sombrer dans davantage de déconnexion, de dissociation, de souffrance à vivre.
Nous élargirons alors notre zone de confort.
Ce qui signifie qu’on pourra faire des efforts plus productifs, que nous pourrons déployer plus d’énergie, donc nous progresserons plus facilement, avec une intensité moyenne. Et SURTOUT : une intensité qui aurait été de 10 sur 10 avant d’élargir la zone de confort ! Elargir la zone de confort, c’est pouvoir faire plus d’efforts, sans en être affectés au point d’épuiser nos ressources. On récupère mieux, on est plus joyeux, plus dynamique. Donc ce qui semblait hors de portée avant, et à juste titre, en termes de réussite, devient aisé à atteindre et à maintenir.

L’effort juste ne peut être strictement amalgamé avec l’aspect physique et la performance. On peut être volumineux, sec, performant et ne pas être dans l’effort juste. On peut être plus fin, pas sec, pas hyper fort et être dans l’effort juste. L’effort juste n’est pas déductible de l’image qu’on présente, mais est relatif à notre vie dans sa globalité. Les obsédés du pouvoir et de l’image ne peuvent être dans l’effort juste, puisqu’ils développent une intensité déraisonnable, et constamment, afin de “briller”. C’est bien pourquoi beaucoup de ces gens se dopent… Et sont profondément malheureux, hors des projecteurs qu’ils maintiennent à bout de bras pour paraître si lumineux.


Il faut donc :

– penser la commande de la commande, pour un double pilotage conscient/inconscient réussi.

– et donc ne jamais oublier que la construction du corps doit être subordonnée à la construction de soi.

Tout ce que nos faisons, nous le faisons dans le but d’accroitre notre “position affective”. Autrement dit : nous voulons nous sentir bien, à notre place, aimés (de soi, des autres, du monde).

Cela ne peut se faire, sur un moyen et long terme, qu’en évitant de négliger l’économie de la souplesse.

°

Illustration extraite du magnifique film Coup de torchon.
La question du rapport entre effort juste, limites, enfance et sens de la vie y est traitée merveilleusement.

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