S’IL FAUT QUE JE TE SUPPORTE, IL FAUT QUE TU M’APPORTES.

Publié le Laisser un commentaire
S’IL FAUT QUE JE TE SUPPORTE, IL FAUT QUE TU M’APPORTES.

ENFANT ET CONFINEMENT (partie 1)

°
« Viens jouer avec moi, viens jouer avec moi ! »

Qu’il le dise avec les mots de son âge ou qu’il nous le fasse comprendre, l’enfant est là, débordant d’attentes envers nous. Il a besoin d’une forme spéciale de présence, une présence ludique, celle du partage par le jeu.

Avec le confinement, nous nous retrouvons coincés avec lui 24 heures sur 24, en ayant tant de mal à pouvoir fuir son regard, cette pression, et devons nous adapter à une situation nouvelle, inédite.

« Viens jouer avec moi, viens jouer avec moi ! »

Ne peut-il pas simplement jouer seul ?

Plus l’enfant est petit, moins il pourra jouer seul, moins il pourra « s’occuper », et plus il viendra manifester auprès de nous ses besoins d’attention, de caresses et d’écoute.

Les enfants et les parents ont cependant des besoins divergents. Leurs attentes ne sont pas toujours les nôtres, et lorsque nous nous retrouvons tendus et tiraillés entre leurs nécessités, leurs désirs, et les nôtres, la tension monte inévitablement.

L’enfant nous apparaît subitement dérangeant.

Car nous ne pouvons le ranger sagement au placard. Nous ne pouvons appuyer sur le bouton « off », et ainsi éviter leurs besoins, leurs demandes.

Et l’enfant qui ne se sent pas suffisamment au centre du monde, qui n’est pas/plus prioritaire (parfois même pour quelques heures), et est rejeté pour une autre activité, va chercher à récupérer l’attention perdue.

En essayant en premier lieu de séduire ses parents, en usant et abusant, entre autres, de sa petite voix fluette (« papaaaa ? » ; « mamaaan ? »).

Si cette stratégie échoue ou n’a jamais pu fonctionner parce que nous ne l’avons jamais validé, il rentrera, plus ou moins directement, dans des luttes de pouvoir pour tenter de le conserver ou de le reprendre. Provocations, suppliques et plaintes, mises en danger; tout ce qu’il trouvera pour que le parent bondisse et le regarde, qu’il reçoive ainsi un substitut de caresses.

La colère du parent, tout, plutôt que de ne pas exister.

Et c’est ainsi qu’une spirale plus ou moins forte de violence peut se mettre en place. Avec de l’énervement, d’éventuels cris voire des coups.

Ne culpabilisons pas au point d’être écrasés par le poids de la honte, il s’agit d’un phénomène général. Certains l’avouent, tandis que d’autres le cachent soigneusement pour conserver leur image de « bons parents ».

Le système familial est un bateau sur lequel nous sommes tous embarqués, parce que nous sommes parents, parce que nous sommes enfants. Il faut disposer d’outils puissants, et d’une bonne expérience de ceux-ci si nous voulons éviter les écueils sur la voie du bien-être familial. Mais nous ne pourrons jamais tous les éviter.

Parce que nous sommes humains, que nous subissons quotidiennement des stress, et que nous devons jongler avec nos besoins divergents.

Nous souhaitons faire autre chose.

Mais l’enfant est là, ne partage pas nos intérêts, il ne peut pas se mettre en pause, et nous « foutre la paix ». La relation reste, pour lui, une question de survie.

Lien et croissance sont indissociables, écrit Hüther.

L’enfant fera donc tout pour conserver ces liens et les faire maturer à son avantage ; s’il les sent se distendre, le desservir, il luttera avec les moyens à sa disposition.

Il se montrera plus agressif.

Colère naturelle qui pourra éventuellement se figer en rage, et il s’enfermera de plus en plus dans les luttes de pouvoir.

Il s’agit d’un combat entre deux factions. De ces deux factions, nous sommes celle, logiquement et espérons-le, la plus capable de prendre du recul, la plus capable d’éviter que ce combat ne perdure et dégénère.

Le lien à notre enfant est-il principalement constitué d’interactions plus ou moins violentes, de rejets ou de partages ?

La qualité de ce lien est donc à questionner. La question du jeu, du partage est donc à questionner.

Si nous pouvons identifier les séquences qui aboutissent à la violence et une fragilisation du lien avec l’enfant, nous serons en mesure de les stopper.

Nous pourrons envisager d’autres déroulements, avec d’autres comportements, pour que chacun puisse en tirer des satisfactions.

Pour les envisager, nous devons cependant nous mettre un minimum en retrait, en recul, pour voir, pour regarder vraiment notre enfant, son humanité, ses besoins.

Afin de progresser, apprenons à visualiser chaque séquence comme un plan dessiné sur une feuille, et voyons quels enchaînements nous pouvons modifier.

D’un coup de gomme, effaçons, prenons un crayon, retraçons des lignes, d’autres perspectives, d’autres séquences, et… suivons-les !

°Article écrit par Deborah Heynen, co-auteur de SYBERNETICS (chapitre souplesse et également de nombreuses interventions, modifications, ajouts, dans les chapitres PBAD, Musculation Méditative, Motivation et Nutrition)

Laisser un commentaire