Droit dans le mur ?

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Droit dans le mur ?

Avant de vous plonger dans cet article, je vous invite à lire attentivement la citation de Gregory Bateson qui ouvre le chapitre 8 de mon prochain livre.

Elle parle de cul-de-sac évolutif, d’ornières où l’individu, comme l’espèce, peuvent rester bloqués, après avoir pris un mauvais chemin.

Et, comme le livre le démontre, dans le cas de l’individu humain, situé logiquement dans le fil de son espèce, le blocage évolutif a un lien très étroit avec l’enfance. Chacun d’entre nous, lorsqu’il se retrouve face à un mur, lorsqu’il est allé “droit dans le mur”, ne fait qu’exprimer la logique de sa propre construction. Il s’agit autant d’une construction plus générale (espèce) que d’une construction plus particulière (sociale et même individuelle).

Il s’agit donc ici de l’enfance de l’espèce humaine, de son rapport avec l’enfance et donc de VOTRE enfance. Il s’agit de comprendre comment l’humain a pu se brouiller avec l’écologie de l’enfance; ce qui a condamné sa propre écologie.

Comprendre pourquoi l’espèce va droit dans le mur.

Comprendre pourquoi chacun d’entre nous se retrouve régulièrement face à un mur. Alors qu’il croyait bien souvent avoir fait les bons choix, avoir bien récité sa leçon, avoir exprimé un savoir-faire qu’il croyait incontestable.

Droit dans le mur?

Pour répondre à la question et peut-être pouvoir changer de direction, aller là où ce mur cesse d’exister, il faut d’abord savoir deux ou trois choses. Cet article donne un premier aperçu de ce que livre le chapitre 8 : des raisons et des solutions. Cet article, court, donne un petit extrait, encore une fois, d’un livre de près de 600 pages.

L’approche est très complète, inédite, et repose sur de solides sources. C’est un exercice de reliance, de Pensée Complexe, qui se veut honorer l’oeuvre d’Edgar Morin, et qui plonge ses racines autant dans l’évolutionnisme que dans la biologie, la sociologie, la psychologie, la philosophie et, nécessairement, l’anthropologie.

Le langage y est volontairement simple d’accès, afin que des concepts “pointus” puissent être intégrés par tous. Donnons quelques pistes afin de comprendre ce qu’est un blocage évolutif.

Premièrement, il faut savoir ce qu’est un MIO.

Un Modèle Interne Opérant.

C’est une représentation inconsciente de la manière dont le monde fonctionne. Il nous dit, dicte, quoi attendre du monde et comment y agir, y parler. il est un conditionnement de notre humanité, et dit notre futur.
Les MIO sont des séquences interactionnelles programmées dans le système nerveux du petit enfant par la répétition. Il se fabriquent essentiellement dans la relation précoce avec la mère.
Les MIO nous disent ce que nous pouvons attendre de nos parents en ce qui concerne la satisfaction de nos besoins. Et quand nous sommes tout petits, nos parents sont le monde. Ainsi, ce qui sera programmé en nous sera nos possibilités dans le monde. Les MIO nous dictent ce qui est possible, ce qui peut être attendu, ce que nous pouvons croire, espérer. Dans le monde… Avec les autres…
La répétition des interactions avec nos parents, dans la prime enfance, programme donc en nous, de manière totalement inconsciente, des croyances ET des comportements.

  • au sujet de notre façon de nous affirmer
  • au sujet de notre façon de nous soumettre
  • au sujet de notre rapport à la performance
  • au sujet de notre rapport au repos, au bien-être, à la zone de confort
  • au sujet de l’amour qu’on peut attendre, trouver, garder
  • au sujet de notre rapport au plaisir


etc.

Ainsi, notre philosophie de la vie, nos goûts, nos choix, sont programmés en nous, de manière inflexible, durant l’enfance. Et même nos errements, ou nos certitudes, lorsqu’il s’agit d’engagements professionnels ou politiques.

Ce qu’on appelle l’épistémologie, c’est-à-dire l’ensemble des croyances “racines” qui influent (toute notre vie) sur nos comportements, découle directement des MIO programmés précocement dans notre système nerveux.

Notre vision de la réalité a donc été programmée très tôt. Elle peut prendre diverses formes à l’âge adulte, mais la vision “racine” de cette réalité, elle, restera inchangée. Sauf dans certaines (très rares) circonstances, que le livre dévoilera.

Une fois n’est pas coutume, nous citerons du Johnny Hallyday, afin de montrer que ce savoir de base est bien connu de tous, même si on se raconte des histoires avantageuses sur notre capacité à changer : “ça ne change pas un homme; un homme ça vieillit.”

Croire qu’on peut devenir un autre est erroné. Personne ne peut se reprogrammer. Croire qu’on peut devenir autrement est vrai, mais extrêmement rare. Car les outils du changement qui sont généralement proposés ne sont pas opérationnels lorsqu’il s’agit d’épistémologie. On change la surface, mais pas le fond.

Von Foerster, physicien et systémicien, un des grands penseurs du rapport au réel, disait que le cerveau cherchera toujours à “computer une réalité stable”.

Autrement dit : compte tenu de nos programmations précoces, on cherchera toujours à “retomber sur nos pattes”, c’est-à-dire à confirmer notre vision “racine” du réel.

Les MIO sont des séquences qui sont, en termes de vécu, des boucles opérationnelles. On cherche constamment à “boucler nos boucles” : on cherche la répétition rassurante, au-delà des accommodations contextuelles, qui peuvent faire penser le contraire.

On va ainsi passer notre vie entière à interagir, réagir, de manière à retomber sur nos pattes. On attend des autres, du monde, que nos boucles soient validées. On agit pour que la réalité, aussi moche soit-elle, soit STABLE.

Si nos interactions précoces avec nos parents ont programmé en nous une vision de soi, des autres, du monde… moche; alors nous agirons constamment pour que cette vision soit validée. Les programmes agirons à notre insu, et seront incontrôlables.

Si notre épistémologie, issue des MIO, raconte que nous sommes des “merdes”, alors nous ferons tout pour avoir une vie de merde. Nous devrons valider nos croyances fondamentales, celles qui nous ont permis de vivre/survivre en disposant d’une réalité stable, aussi tronquée et fausse soit-elle. On crachera dans la main tendue, on cherchera à faire du mal à ceux qui nous ont fait du bien. Et on pleurera sur notre sort en se décrivant comme des victimes.

Ainsi, un des premiers pas pour échapper à notre DESTIN est de comprendre notre construction. Ce qui nous est inconnu dans nos programmations agit en effet comme un destin implacable : les boucles se répètent, telles une malédiction, sans que nous comprenions que c’est NOUS qui les mettons en place et agissons pour qu’elles se confirment; qu’elles finissent toujours de la même façon.

Il nous faut découvrir l’écologie de notre construction, et c’est, vous l’aurez compris, une écologie de l’enfance. Nos programmations forment une structure, un système, dont les éléments, en interaction dynamique, s’ajustant ainsi aux aléas du vécu, déterminent notre personnalité, ainsi que notre avenir intellectuel, affectif et notre santé.

Et il faut mettre côte à côte notre écologie et ce qu’est une écologie saine.

Et c’est ainsi que nous pourrons, en utilisant certains outils, changer fondamentalement ce que nous sommes, sans pourtant changer fondamentalement ce que nous sommes.

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