REGARDE-MOI où JE MEURS!

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REGARDE-MOI où JE MEURS!

(le bourreau qui voulait être aimé)

  • Remarquez l’accent sur “où”. Le titre marche avec les deux : où et ou. Le sens n’est à chaque fois pas exactement le même.

N’est-ce pas paradoxal de dire que l’on veut mener une vie où l’on ne doit rien à personne, alors qu’on est prisonnier du regard des autres? En effet, chacun d’entre nous souhaite être désiré par d’autres. Notre plus grande hantise est de plus être désiré par personne. Et il ne s’agit pas que de sexe.

Nous voulons, au moins, de l’attention. Tout plutôt que de n’exister pour personne.

N’est-ce pas paradoxal de clamer qu’on ne doit pas être atteint par les jugements des autres alors que l’on désire avec tant de force leur regard?

Chacun voudrait être le centre de l’attention, là où convergent tous les regards, mais qui veut vraiment regarder les autres? Qui veut vraiment prendre le temps d’aimer, c’est-à-dire d’apprendre à comprendre l’autre et de s’y (re)lier?

Quand notre vie est vide, si vide, qu’on en vient à vouloir blesser, détruire n’importe qui, surtout quelqu’un qui nous semble heureux, pour attirer son attention, pour qu’enfin on soit regardé. Pour susciter le désir d’un autre de nous voir et de capter cet autre, en le mettant encore et encore sous contrainte.

On ne voudra pas être jugé et on rejettera violemment toute psychologie qui s’adresse directement à nous, mais on ne cessera de vouloir juger, de vouloir que l’autre soit jugé. Pour qu’enfin on nous regarde, pour qu’enfin on ait le sentiment d’exister, d’être un peu pus grand que ce que nous nous sentons être dans cette vie de misère. Et notre sentiment de grandiosité, conquérant, ne vient que dévoiler, en tentant maladroitement de le cacher, notre immense sentiment de petitesse.

Ce petit texte éclaire sur la violence qu’on peut montrer lorsque qu’on se sent si petit qu’écraser son semblable, ou tenter de le faire, est finalement le seul lien qu’on pense être capable d’avoir avec lui. Ces chaînes qu’on tente de mettre au cou de l’autre sont un substitut au lien d’amour qu’on ne sait créer. C’est la forme maximum d’intimité qu’on peut vivre avec cet humain dont on veut l’attention.
La haine et la violence sont parfois le seul moyen d’être enfin proche de quelqu’un. C’est la dernière solution, la plus ultime, pour les êtres brisés et rongés par la solitude et le manque de regard sur soi.
Quand on se sent seul parmi les autres, on agresse pour s’en rapprocher. Qu’au moins l’un d’entre eux plie devant nous et lève les yeux pour contempler notre visage !

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