“Nous abattons les chiens enragés […], nous noyons même les enfants quand ils sont nés chétifs et anormaux.”

(Sénèque, digne représentant de l’école stoîcienne, dans De ira, I,2)

Je suis allé retrouver cette citation suite à la publication de Mélina Tavares concernant l’avortement désormais préconisé, par l’OMS, jusqu’à 9 mois (ici : https://www.facebook.com/groups/17045653093/posts/10160645361443094/).

A 9 mois, l’enfant est un petit humain, très développé, qui ressent, entend, a des émotions. Ce n’est pas l’accouchement qui fait la frontière entre l’état d’humain (qu’on ne peut légalement tuer) et celui de non-humain (qu’on peut tuer).

Ce n’est pas le statut de visibilité ou d’invisibilité (dans le ventre maternel, l’enfant est invisible; ce qui doit conduire certains à se penser moins responsables s’ils le tuent).

On est humain dès lors qu’on nous considère comme tel. Et il a fallu des millénaires pour que l’humanisme perce (qu’on soit tous considérés comme des êtres humains, des individus ayant une valeur en soi).

Dans la Rome antique, comme dans la Grèce antique, l’individu n’avait de valeur que s’il pouvait participer aux affaires de la cité. Il y avait le citoyen libre… et les autres…

Et ces “autres” (la femme, l’enfant, l’esclave), le citoyen romain pouvait en faire ce qu’il voulait. Il pouvait même tuer son propre fils, alors que celui-ci avait passé les 20 ans…

On revient peu à peu à cette chosification de l’autre. Il semble évident que l’on ne va pas s’arrêter à 9 mois pour tuer son semblable… légalement. Pour le seul crime que, en tant que chose, il ne nous satisfait plus. Bientôt on le tuera (légalement) à 1 an, 10 ans, etc.

Ce qui se joue donc avec cet avortement à 9 mois, c’est le statut de l’enfant comme de sa mère au regard de la collectivité.

Sous couvert de “liberté”, on est en train de créer une “race” de sous-humains, sous-citoyens, d’êtres qui n’auront pas les droits fondant la dignité humaine que nous avons mis tant de temps à acquérir.

L’enfant devient une chose. Et sa mère également. Ils sortent du régime normal de ce qu’est l’humanité.

L’on est en train de revenir assez vite dans une société non pas de classes sociales, mais de castes, avec des sous-humains, et une élite.

Devenue incapable de se penser, accaparée par le divertissement, notre société se fait happer par cette mutation majeure, et sombre dans la déshumanisation tout en se rêvant super-héros.

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