Pour commencer,il s’agit de bien saisir la différence entre « devise » et « constat ».
« Only the strong survives » et « no pain no gain » sont des devises, non des constats. Du moins, elles se veulent être des devises…La phrase « pas d’efforts pas de progrès » est un constat. On dit juste ce qui est. Cela ne se revendique pas, c’est comme ça, c’est le constat que les progrès demandent de se bouger, de s’activer, de produire un mouvement et donc… un effort. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut nécessairement souffrir quand on agit…
Une devise donne un cadre conceptuel qui dirige les pensées et les actions. On revendique une devise, on la placarde partout où l’on peut, car elle a aussi pour but de nous définir aux yeux des autres.
Une devise ne dit pas quel est notre but, mais elle dit comment on compte y arriver. Une devise renferme un manifeste, c’est-à-dire une ensemble de croyances sur ce qu’est le monde et la manière de s’y comporter. Dans une devise, tout ce que nous sommes ou revendiquons être et devenir, est inscrit. Arborer des devises sur soi et dans de nombreux domaines de sa vie, les inscrire au fronton de notre existence, les placer bien en vue pour que tout le monde puisse les voir, c’est admettre qu’on les utilise comme boussoles. Ce sont des valeurs que l’on revendique à travers elles.
Il faut donc considérer qu’une devise est une boussole. Elle ne devrait pas normalement être un constat, elle ne veut pas être un constat. Prendre un constat pour une devise est effectivement ridicule. Qui voudrait revendiquer un constat ? Qui arborerait un constat sur un tee-shirt?
Personne à part ceux qui n’ont pas suffisamment réfléchi pour réaliser qu’ils ont fait d’un constat une devise…
Ce qui se comprend aisément car on adopte souvent des “devises” par mimétisme, sans en éprouver auparavant la solidité. C’est humain…
Et là je vous renvoie à l’article “Only the Stong survives” (sur le blog) où je montre qu’une vision fausse de la force et une terrible envie de se définir comme faisant partie du “clan des forts” fait prendre un constat pour une devise.
Ce qui est aussi intéressant à comprendre, c’est que ces devises orientent notre regard. On peut tout à fait disposer d’un ensemble de croyances, de valeurs qui vont nous faire adopter ces devises, mais à partir du moment où on les adopte la boucle est alors bouclée, se referme, car elles sont là pour valider les croyances et les orienter définitivement. Ces devises agissent comme un filtre, comme un aiguillage qui à chaque fois nous contraint à prendre la même voie. En étant revendiquées, elles valident une conception de l’existence, déterminant nos actes pour que cette conception soit toujours valide. Ainsi les moyens dont la mise en oeuvre valide ces devises sont toujours choisies de manière prioritaire.
Quelqu’un qui adopte une de ces devises, ou ces deux devises, sans avoir un système de croyances totalement solidifié, établi, va alors se retrouver dirigé par le système de valeurs qu’elles impliquent. Elles vont donc, dès ce moment, déterminer sa vie à venir. C’est là l’immense danger pour ceux qui adoptent ces devises de manière superficielle et finissent par s’y conformer.
À partir du moment où ces devises seront adoptées, revendiquées, elles vont passer du statut de « moyen » à celui de « fin ».
En effet, à partir du moment où une de ces phrases devient une devise, alors il faut que cette devise soit applicable, valable, partout et toujours. Sinon ce n’est plus une devise, c’est juste un proverbe, une petite maxime parmi tant d’autres qui est censée nous fait réfléchir et nous aider à prendre des décisions.
Si la devise est relative, ce n’est plus une devise, ce n’est qu’un outil que l’on a rangé dans un tiroir et que l’on ressort de manière stratégique en fonction des besoins. Dans ce cas, on ne l’ inscrira pas sur un tee-shirt, ou à des endroits très visibles, pour envoyer un message aux autres. Parce que si ce n’est plus une devise, ce n’est plus censé nous définir. Il y a un rapport extrêmement serré entre la devise et l’identité.
“No pain no gain” est une devise. Elle pose la douleur comme fin autant que comme moyen, elle entre en résonnance directe (car elle en est le fruit) avec notre conception judéo-chrétienne de la vie, elle-même confortée par la vision grecque de l’action, du drame, du théâtre). Elle conduit à la douleur et à la perte de temps, d’énergie, de vie.
“Peu d’effort beaucoup d’effets” est notre devise, c’est-à-dire un idéal vers lequel tendre, une boussole pour nous orienter à chaque fois que l’on doit prendre une décision.
Cela ne signifie pas que la Méthode est facile. La méthode demande de gros efforts ponctuellement, mais elle veut que la proportion “efforts/effets” soit la plus favorable possible (croissance et santé). Elle vise l’économie de moyens.
Inutile de souffrir si l’on peu l’éviter, inutile de trop “travailler” si l’on peut l’éviter. Cela évite la monomanie et permet de diversifier sa vie (si on limite les efforts dans un domaine, tout en ayant de gros effets, on peut investir son énergie ailleurs).