[ en illustration, la relation de l’âme au corps selon l’idéologie No Pain No Gain]
Tout le monde a visiblement séché au sujet du mot balinais Tis 🙂
Tis est un mot qui sert à décrire “cet état de température du corps qui est juste ce qu’il faut, une sensation ni de chaud, ni de froid, la sensation de douce détente qui fait suite à l’activité sexuelle.”
(Gregory Bateson)
Avez-vous remarqué qu’il existe généralement, et ce dans tous les domaines, peu de mots pour décrire des états de calme, de satisfaction et de détente?
Alors qu’il existe un riche vocabulaire pour décrire les malaises, les manques, les insatisfactions…
C’est certainement pourquoi l’idée de bien-être, de satisfaction, peut recouvrir plusieurs sens. Et c’est donc une des raisons pour lesquelles le concept d’Efficience est, pour certaines personnes, très difficile à appréhender tant qu’elles n’ont pu l’expérimenter en suivant précisément les consignes des Tome 1 et 2 de la Méthode Lafay.
La satisfaction et même la détente sont des états bien différents selon que l’on adhère à l’idéologie No Pain No Gain ou que l’on applique les consignes permettant d’atteindre l’Efficience.
Récemment, j’ai vu quelques personnes faire des pompes et autres mouvements dans un parc, dirigées par un coach. Les pompes étaient davantage des 1/3 de pompes, le dos creusé, tordu, la nuque en hyper-extension… Et il en était de même pour les autres mouvements.
On peut se demander pourquoi ce coach ne leur faisait pas faire des pompes avec les mains en appui sur les dossiers de bancs tout proches, tout en contrôlant la position de chaque élève. Mais, quand on connait bien l’idéologie No Pain No Gain, quand on a compris sa logique, ses fondamentaux, on n’est en fait guère surpris.
Et ces personnes étaient certainement “satisfaites” et elles le seraient encore plusieurs jours après, à causes des douleurs, petites ou grosses blessures car…
Elles ont “senti leur corps” et elles le sentiront quelques temps encore.
Elles ont fait quelque chose et ont donc l’impression d’avoir “bougé”, d’avoir lutté pour reprendre possession de leur corps, et donc quelque part, de leur vie.
Ces personnes peuvent dire alors qu’elles ressentent un état de calme et de bien-être après le sport… car elles ont eu mal et ont dû… FORCER. En ayant mal et en forçant, elles ont validé une logique : la vision dominante (et normative) de ce qu’est le rapport au corps, à la maîtrise et au bien-être que le sport doit engendrer.
Elles se sentent “bien” car elles ont fait ce qu’il fallait faire pour être conformes. Et les douleurs lors de l’effort ainsi que les douleurs résiduelles sont comme un certificat de conformité aux normes édictées par l’idéologie sociale dominante; et inscrites profondément en nous dès l’enfance.
Et elles ont pu vider une part de leurs frustrations, de leurs inhibitions (au sens de Laborit), ce qui les soulage momentanément.
On est, bien entendu, assez loin du sens du mot Tis et donc de l’Efficience.
Sacrée pierre à l’édifice !