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(au sujet de cette loi sur la fessée qui voudrait nous empêcher d’éduquer nos enfants comme on veut)
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La plupart du temps, les parents qui frappent leur enfant disent que c’est pour son bien, et que cela ne peut en aucun cas lui nuire.
« une bonne baffe ou une fessée, ça ne peut pas faire de mal »
Mais, si ça ne faisait pas de mal, pourquoi le ferait-on ?
On le fait justement parce que ça fait mal !
On le fait parce qu’on sait que la douleur physique et psychologique va engendrer… la peur (des coups). Et donc, cette peur que l’enfant aura de nous devrait le contraindre à se tenir tranquille.
Quand on frappe un enfant, on veut faire mal, suffisamment mal (à l’esprit et/ou au corps) pour que l’enfant se soumette.
Car ce qu’on veut, c’est juste soumettre l’enfant. On veut qu’il soit conforme à nos attentes. On veut le sculpter comme un objet.
Quand on frappe un enfant, on veut juste que « ça s’arrête », car on n’en peut plus, car son opposition nous agresse et nous épuise.
On frappe un enfant parce que ça fait mal, et qu’on est persuadé que la douleur est un bon moyen de contraindre les gens (donc aussi les enfants) à se soumettre.
Et si on en est persuadé, c’est qu’on l’a appris, d’une manière ou d’une autre…
On frappe aussi un enfant parce que ça nous fait du bien. C’est le principe de l’inhibition de l’action : on subit un stress quand un enfant s’oppose à notre volonté (en se conduisant d’une manière qui nous déplaît). Et garder ce stress en soi va nous faire souffrir. Alors on se décharge sur l’enfant de ce stress en le frappant, car frapper est un moyen basique de se décharger.
Frapper, ça soulage…
Donc on frappe les enfants parce qu’on est dépassé, et qu’on n’a pas de moyens d’action autres que les moyens primitifs à notre disposition.
On frappe les enfants car on se considère tout naturellement comme le dominant et que notre propre enfant s’oppose à notre dominance en voulant exercer la sienne.
On frappe car on voit l’enfant comme un rival !
Qui doit avoir le pouvoir ? Moi ! Qui doit avoir le calme ? Moi ! Qui doit évacuer son stress quand il le souhaite ? Moi ! Qui doit pouvoir faire des caprices quand il le désire (acheter plein de merdes le jour des soldes, acheter une voiture plus rouge que celle du voisin, changer de portable tous les 3 mois, etc.) ? Moi !
Moi, j’ai le droit d’exercer ma dominance quand je veux, où je veux, avec qui je veux, à n’importe quel sujet.
Mon enfant doit juste se soumettre…
Frapper son enfant, c’est donc avoir une certaine conception du rapport à l’autre, dont on ne se rend pas compte. Car on a été éduqué pour penser et agir ainsi.
Tout est fait (TV, politique, travail) pour nous encourager à satisfaire notre narcissisme et à nuire à celui de l’autre (son voisin, son semblable, son enfant).
Et ça engendre des personnes qui chercheront à compenser toute leur vie le manque d’écoute, d’attention, dont elles ont été l’objet, en étant enfant, adolescent et même souvent à l’âge adulte.
Suffit d’aller sur les pages facebook des gens, NOS pages facebook, pour réaliser à quel point nous avons besoin d’attention.
Alors voilà, c’est normal d’avoir la tentation de corriger son enfant, violemment (avec une fessée ou des claques, qui font mal, quoi qu’on en dise).
Tant qu’on n’aura pas d’autres solutions, tant qu’on ne saura pas à quel point ça change la vie d’un humain une éducation douce (qui ne veut pas dire une éducation sans limites), alors on fera « comme on peut » et on tentera de le justifier.
Là où je vois une sacrée évolution, c’est qu’autrefois, les parents battaient leurs enfants sans se poser de questions. Le gosse s’opposait, dérangeait, alors il s’en prenait une. On éduquait au fouet, au martinet, au ceinturon, aux coups portés sur n’importe quelle partie du corps.
Depuis les années 1970, Françoise Dolto et tous ceux qui ont travaillé sur le sujet de la non-violence envers les enfants, les parents ont changé. Aujourd’hui ils justifient les coups portés à leurs enfants : « ça ne peut pas faire de mal ! »
C’est très intéressant de dire cela, car cela montre une bonne grosse dose de culpabilité. Donc une grosse évolution des mentalités.
On dirait qu’en disant : « ça ne peut pas faire de mal ! », le parent cherche à se convaincre lui-même. Et c’est bien le signe que les parents évoluent, car le parent qui frappe montre qu’il est dépassé, qu’il ne sait pas comment faire autrement, tout en étant gêné par son acte (il se justifie, en essayant d’évacuer la douleur de la relation violente qu’il entretient avec son enfant).
Se justifier ainsi, c’est presque un aveu de faiblesse et de désespoir…
Le parent qui se justifie ainsi montre qu’il est engagé sur un chemin très positif. Il ne lui manque plus que des outils adaptés pour passer à l’étape suivante. Car, là, il est embourbé dans un marécage relationnel avec la chair de sa chair. Avec ce qu’il appelle souvent « l’amour (ou les amours) de sa vie ».
Ainsi, on aurait 3 catégories de parents :
– ceux qui ne se posent aucune question. L’enfant existe un peu trop, prend un peu trop de place ? Alors on le cogne, sans honte ni scrupules ;
– ceux qui frappent pas très souvent, et disent « ça ne peut pas faire de mal une petite claque ou une fessée. » Ceux-là ont intégré la culpabilité de frapper un enfant, mais ne savent comment mieux agir ;
– ceux qui ont eu la chance d’avoir eu l’accès aux travaux de Françoise Dolto, Isabelle Filliozat, Joel Monzee, Alice Miller ou aux conférences de Brigitte Oriol et qui ont découvert les joies de l’éducation non-violente. Une fois qu’on voit à quel point cette forme d’éducation épanouit toute la famille, on ne peut plus jamais revenir en arrière.
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Olivier Lafay
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L’excellent livre de Joël Monzée “comprendre les comportements dérangeants de l’enfant”
Une troublante mais excellente conférence de Brigitte Oriol “y-a-t-il de bonnes fessées?”