(au nom de l’amour du prochain)
Une anthropologie, hors de l’étude de l’Homme, c’est la définition que chacun peut faire de ce qu’est l’humain. Et elle peut être plus ou moins consciente, et réfléchie.
Par exemple, dire comme les nazis, que les juifs sont des sous-hommes, cela est constitutif d’une anthropologie (une vision de ce qu’est l’humain).
Le libéralisme comme le marxisme reposent sur une anthropologie. Tout comme ceux qui proclament les sexualités multiples et le polyamour.
Tout comme ceux qui valident l’idée qu’un barbu de 130 kg pour 1m90, et puant la testostérone dans son club de foot US se déclare être une femme, voulant être appelé ainsi, même sur son état civil (ses papiers d’identité).
A chaque fois, ce qui est demandé ou imposé (à l’entourage, au passant, à la société), c’est de valider une certaine conception de l’humain, une anthropologie.
Et à notre époque, si on ne valide pas, si on questionne, on est jugé, on a droit à ce qu’un “tolérant” nous dise en substance : “je juge que tu ne dois pas juger.”Il ne faudrait pas penser, jamais, il faudrait juste aimer.
Et donc valider toutes les anthropologies qui se présentent à nous, dans un beau bordel ambiant de lutte identitaire.Pas grave si les mots sont vidés de leur sens, s’il y a autant d’anthropologies que d’humains, tout se vaut et que le meilleur gagne !Autrement dit : tout se vaut, mais il y en a toujours qui imposent leur anthropologie et se hissent au-dessus des autres…
L’amour universel du non-jugement ne supprime pas la hiérarchie sociale…
Autrement dit, le jugement ultime, celui du statut, du pouvoir, reste !
Pour aimer vraiment, pour avoir de la compassion envers la souffrance d’un être qui se déclare “hors-normes”, il faut chercher à le comprendre.
Ce n’est pas avec des bons sentiments, préfabriqués que l’on peut aimer.
J’oppose Faire la morale à Comprendre.Dès qu’on oppose à toute tentative d’analyse, toute dissection de l’étrange, le “Faut pas juger”, on perd de notre humanité.
Comme je l’ai dit dans un article ou deux, la tolérance c’est un bon moyen de ne jamais s’intéresser à l’autre.Car dès que je m’intéresse à l’autre, à sa différence, je vais naturellement chercher à nous lier par une définition commune de l’humanité.
Et c’est là que cela coince, car vouloir aimer, c’est faire de l’anthropologie, nécessairement.C’est aborder ce qui nous lie malgré notre diversité.
Et les anthropologies relativistes ont été annihilées au moment même de leur naissance, dans les années 1960.
Mais les politiques et les médias ont fait comme si ce la n’était pas résolu et comme si les anthropologies relativistes avaient gagné la bataille idéologique sur un fond de “vérité”. C’est encore une fois, avec tant de contradictions, d’incohérences, le comique de la chose.
Parce que cela allait dans le sens de l’évolution de notre société.
Une société sans conscience.Si je vais creuser l’anthropologie de mon “semblable mais si différent”, je vais à un moment tomber sur des faits, des vérités, des fantaisies et des postulats plus ou moins valables.
Et là nait le conflit, et puis, si je ne suis pas un crétin (et lui aussi), une discussion, un débat, et une évolution conjointe. adviennent. Avec un effort de hiérarchisation des savoirs.
Un élan vers la vérité à la Popper (le philosophe des sciences). Où l’argumentation étayée est centrale. De même que la science, qui n’est ni jugement ni pure description.
Sauf que beaucoup de nos contemporains ont peur des conflits et peur de la vérité. Et peur de questionner ces a priori qui donnent du sens à leur propre vie. En ne voulant pas mettre l’autre en question, ils montrent surtout leur crainte immense d’être eux-mêmes mis en question, et de se retrouver… relativisés.
Tiens tiens…Tout est à relativiser, sauf… moi-même. La règle d’or de l’indifférence et de la lutte pour la dominance et la sécurité émotionnelle apparente.
Le “faut pas juger”, le relativisme anthropologique, le “tout se vaut”, c’est tout sauf de l’amour de l’autre, de l’intérêt réel pour lui, c’est un outil de l’égoïsme contemporain au service de la protection de nos a priori.
C’est soi qu’on veut barricader quand on lève le doigt parental du “Tais-toi car je ne supporte pas que tu critiques, c’est-à-dire que tu te questionnes, me questionnes, nous questionnes.”