Etre désiré, c’est être VU, accepté comme HUMAIN

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Etre désiré, c’est être VU, accepté comme HUMAIN

(exister, c’est être vu : on existe quand l’autre désire nous voir)

Emmanuel Levinas, un des plus grands philosophes du 20° siècle a expliqué qu’il n’existe pas d’identité (Sentiment d’exister, si vous voulez) sans altérité (sans reconnaître l’autre et être reconnu par lui).

Le reconnaître, cela signifie aller à sa rencontre… Pas juste pouvoir dire son nom ou le regarder vaguement puis passer à autre chose…
Sarah Blaffer Hrdy, anthropologue évolutionnaire, cite ce peuple amérindien qui dit, quand il croise l’autre: “je te vois”.

Cela ne veut pas juste dire qu’on a vu avec nos yeux, cela signifie quelque chose de profond, que l’on considère que l’autre est un proche, qu’il est notre “frère” en humanité.

Ne plus dire “je te vois”, c’est l’exclure de l’humanité.
Et alors on peut tout se permettre envers celui qui n’est plus pour nous un humain, dès lors qu’on refuse de le voir. Il n’y a plus de limites.
Tout ceci a ses racines dans les premiers rapports de notre vie, ceux avec notre mère, qui est censée nous “voir”, nous reconnaître, nous considérer avec humanité.

Ce que la mère occidentale ne fait pas toujours, ou pas toujours de la bonne manière.

Ce qui fait que cela construit des enfants ayant de grosses difficultés à reconnaître l’altérité et aussi à exister.

Et quand on souffre d’une identité profonde inachevée, quand on se retrouve “mal aimé”, on s’invente souvent, pour parvenir à survivre, tout un tas d’identités alternatives, superficielles, qu’on défend becs et ongles pour éviter l’effondrement psychique.
Cet effondrement que décrit très précisément Alain Ehrenberg, dans ses études sur l’individu contemporain.
Les quelques personnes qui réagissent avec véhémence à mes textes ou citations, ou les prennent silencieusement de haut, sans même réaliser le niveau de leur insulte, sont de cette catégorie. Ce qu’elles protègent, c’est leur propre refoulé, leur vide affectif, qu’elles ont camouflé derrière un amoncellement de clichés protecteurs et illusoires.

Elles montrent, ce faisant, une incapacité à gérer l’altérité autrement que par le rejet et la violence verbale. Toute discussion est impossible, seul le contentieux est envisageable.

Je suis cet autre (altérité) sur lequel elles pensent pouvoir cracher sans jamais s’interroger, sans se poser la question de ma différence et me questionner en se disant que, peut-être, elles n’ont pas compris, que peut-être elles peuvent encore apprendre.

Leur logiciel ne leur permet pas de m’envisager comme humain. Elles ne peuvent me reconnaître.

Elles n’ont aucune idée de la hiérarchie des connaissances. La hiérarchie, c’est mal ! Et tant pis pour la vérité, du moment que j’ai mon lot de certitudes et l’illusion d’un grand pouvoir.

Comment concilier ce profond besoin d’être reconnu comme humain, accepté par les autres, tout en se situant au-dessus de l’humanité, tout en se pensant hors des lois de la nature?

Comment vivre pleinement ses besoins affectifs quand on ne fait que penser ce qu’on nous apprend depuis trente ans, quand on nous apprend, quand on nous fait croire (avec les réseaux sociaux et l’internet en général) que chacun est un dieu?

Comment être humble face à nos besoins quand on est ivre d’une illusion de toute-puissance, quand l’on croit pouvoir tout être ,tout savoir, avoir tout pouvoir dans le monde virtuel?

Comment être humble face à la connaissance quand on a appris que seul compte le pouvoir, et que l’intelligence est méprisable?
Quand on pense que le pouvoir aussi illusoire soit-il, permet de se hisser sans complexe au-dessus du savoir et de l’intelligence?

On veut tous être vus.

Mais veut-on voir?

Quid de la réciprocité qui permet l’épanouissement affectif?

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