QUAND LE BOUDDHISTE OUVRE SA BOÎTE NOIRE

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QUAND LE BOUDDHISTE OUVRE SA BOÎTE NOIRE

(celle qu’il a fuie, et pas que lui, dans un lâcher-prise soit guerrier, soit pacifiste)

Il faut beaucoup de savoirs et d’expériences pour se remettre en question, ne serait-ce qu’un peu.
Et une aptitude à prendre une méta-position, soit héritée, soit fabriquée par un nouvel environnement.
Une méta-position qui accepte de prendre en compte la mémoire traumatique et son intensité. Et ce qu’elle fait faire pour arriver à vivre quand même, tout en se mentant à soi-même.

Beaucoup de gens pensent savoir, mais ils ne font que tourner en rond pour s’éviter.
S’éviter n’est pas condamnable, vu la douleur que se rencontrer soi engendre,

mais ne pas comprendre/accepter qu’on s’évite est le pire des maux.

Et il y a ceux et celles qui pensent se rencontrer alors qu’ils/elles se fuient encore plus fortement, tout simplement parce qu’ils/elles n’ont pas compris les mécanismes des outils dont ils se servent et dont ils font même la promotion.

On voit bien, quand on a accumulé assez de savoirs, mis en lien, la différence entre ceux/celles qui vantent essentiellement des outils (méditation, veganisme, bodybuilding, crossfit, jeûne,etc.) et ceux/celles qui vantent la connaissance de soi avant tout.

Les outils seuls, avec un peu/beaucoup de justifications, sont au service du conformisme et de la fuite de soi, car on peut changer d’outils, en accumuler, sans jamais modifier quoi que ce soit en soi.

Des tas de changements de type 1, suffisamment dissociés pour qu’il n’y ait jamais de changement de type 2… On le voit à tous ces gens qui viennent ardemment défendre leurs “outils” sans jamais se mettre en disposition d’interagir lors de publications générant des apprentissages de niveau 3.
Cet aveuglement spécifique est aisément remarquable (le “pourquoi intervenir là et pas ailleurs?” est toujours instructif et édifiant).

La connaissance de soi, elle, est forcément dérangeante, perturbante, subversive. Pour soi au premier chef.
Elle prépare au changement de type 2.

Gregory Bateson a écrit que l’apprentissage de niveau 3 est chose ardue.
Et que le changement de type 2 est extrêmement rare.

Après 31 ans de synthèses et mises en lien de nombreux savoirs, mon travail consiste à générer des apprentissages de niveau 3 sur mes pages, ceux-là mêmes qui conduisent au changement de type 2.

Dans ces conditions, ceux qui ne peuvent dépasser des apprentissages de niveau 2, voir de niveau 1, ont des comportements, sur le net, qui s’identifient facilement; et j’ai écrit de nombreux articles pour décrire ces comportements (déni, jugements superficiels, victimisation, manque d’humour, sensiblerie, moralisation de l’interaction, fuite sur le terrain de l’émotionnel, fuite du débat argumenté, soumission à l’idéologie dominante en se croyant “libre”, etc.).

La fuite des apprentissages de niveau 3 est directement liée à toutes ces vies gâchées.

L’inertie du système social et de ses règles, qui accentuent et inhibent des déterminismes biologiques extrêmement puissants, avec toutes les compensations inévitables que cela engendre, produit irrémédiablement des personnes en souffrance (immense).
La pression, venant des origines de la vie, est si puissante que bien peu en réchapperont.

Pour comprendre cela, il faut se concevoir comme un individu parmi 7 milliards, tous liés, pris dans les rouages irréductibles de l’évolution de l’humanité, elle-même prise dans les rouages de l’évolution animale, elle-même prise dans les rouages de l’évolution de la vie.

Ainsi la pression sur chacun d’entre nous est vraiment immense.

Aussi, soit on “lâche prise”, c’est-à-dire qu’on se soumet, on abandonne tout espoir, quel que soit notre degré réel d’inhibition. Et on compense en rêvant ou en agissant sans (se) comprendre.

Soit on lutte, mais avec le plus de douceur possible, en apprenant de quoi contourner les obstacles pour arriver au bon port de la reconnexion avec soi; la véritable reconnexion, pas celle, fuite, extraite par tant de gens de la pensée bouddhiste, pensée qui se prête bien à la fuite, nommée “lâcher-prise”.

Pour cela, il s’agit d’ouvrir un peu au moins un oeil, de biais, lors d’un possible passage d’apprentissages de niveau 3.

Alors on ouvre la boîte noire, celle remplie de tout ce qu’on ne sait pas sur soi; celle où l’on entasse tout ce que l’on ne veut pas savoir.

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