LE SAVOIR UNITAIRE, c’est quoi?

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LE SAVOIR UNITAIRE, c’est quoi?

Ci-dessous, je vous donne une définition élaborée par Baptiste Metayer, membre de LDMT.
Ce sera un pas de plus vous permettant de mieux réfléchir encore à vos RELATIONS.
Car nos relations sont conditionnées par notre perception, qui est conditionnée par notre langage, lui-même conditionné par notre éducation.

L’expression “savoir unitaire” vient d’un ouvrage de White et Epston (les moyens narratifs au service de la thérapie) présent dans la bibliographie du tome 2 de la Méthode Lafay.
A travers elle, on comprend mieux comment nous sommes formatés autant par notre langage que notre milieu familial, social, et ses divers traumatismes.

Nous avons déjà vu l’importance des traumatismes, qui nous conditionnent de façon irréductible (tant que l’on n’a pas abordé cela à l’aide d’outils intellectuels bien précis). Il faut créer du recul par rapport à sa mémoire traumatique, et mettre en place les conditions de son expression (pour la résorber).

Avec la notion de “savoir unitaire”, nous réalisons aussi la toute puissance du langage dans la construction de nos conditionnements.
Le langage familial, acquis dès l’enfance, et qui va déterminer le discours tenu sur soi. Et le discours tenu aux autres…
Le langage de l’éducation scolaire, médiatique, professionnelle; le langage de notre culture.

C’est un thème abordé en linguistique, et cela a des conséquences psychologiques majeures. Ainsi le sinologue François Jullien parle de l’importance du langage dans la construction des façons de se penser propres à la Chine et à l’occident.
Par exemple, en se développant économiquement, la Chine acquiert le langage occidental et donc sa façon de penser et se penser. Et cela peut tout à fait expliquer la progression impressionnante du christianisme en Chine.

Heinz Von Foerster parle de trivialisation (formatage social), ce qui est une autre façon de décrire le processus mis en évidence par White et Epston.
La société fabrique de petits robots, qui sont limités dans leur manière de penser le monde et de se penser par leur propre langage; langage acquis via les outils du pouvoir (école, médias, famille).
D’où l’importance d’élargir son vocabulaire, et d’acquérir de nombreuses autres façons de penser, principalement à l’aide de la lecture.

Franck Lepage explique clairement cette idée : on croit toujours penser d’abord ce qu’on veut exprimer, puis on choisirait ensuite les mots pour le dire.

Mais en fait, c’est faux. On pense en réalité d’après les mots qu’on a en soi… Donc notre pensée est limitée par notre vocabulaire, qui exprime déjà des idées.
Ainsi, dès qu’on change de vocabulaire, on change de façon de penser.
Donc, si un pouvoir quelconque impose un type de vocabulaire, il impose une façon de parler et AUSSI de penser. Il peut ainsi élargir, diminuer, orienter, notre façon de penser (le monde, la société, les autres, nous-mêmes).
En bien ou en mal…
C’est très bien décrit dans le livre 1984.

Et le premier lieu où le formatage de notre pensée se réalise, c’est bien sûr la famille, considérée par Wilhelm Reich comme l’interface essentielle entre le pouvoir et l’enfant. Papa et maman sont les rouages ultra-déterminants du pouvoir et fabriquent ainsi notre vision du monde selon les codes imposés.

Donc, vous êtes déjà limités (ou agrandis) dans votre façon de percevoir le monde environnant et vous-mêmes par le milieu familial.
Et si votre famille est pathologique, on peut imaginer la pression négative et lourde de conséquences du formatage.
Le langage + les traumatismes vont faire de nous ce que nous sommes, souvent à vie, sauf si “quelqu’un” vient “créer de l’espace” en nous, et que nous ne sommes pas trop abîmés (au point que notre conditionnement soit irréversible)…
En effet, l’homéostasie (le maintien de la structure) sociale est confortée par l’homéostasie individuelle (résistance au changement).

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Ci-dessous, la présentation de Baptiste:

“Je vais tenter de simplifier au mieux le concept de savoir unitaire sans savoir où tu es rendu dans le livre de White et Epson.

Pour raconter leur histoire de vie, et ainsi exister au yeux du monde et des autres, les individus s’appuient sur un langage et des savoirs afin de transmettre leur expérience à autrui.
Mais ce langage et ces savoirs ne sortent pas d’un chapeau

Ils sont co-construits en permanence par les individus mais aussi et surtout par les instances de pouvoir en place qui vont formater les modes de langages (ainsi que les savoirs) transmis aux individus (par l’école, la télévision, le système familiale, la politique, le système économique…).

Les individus vont ainsi devenir assujettis à un certains type de savoir mais ils vont également en devenir les véhicules à travers leur narration 🙂

Un langage (ou un savoir) unitaire favorisera une seule vérité (souvent l’idéologie dominante en place) et évacuera toutes les autres possibilités.

Car c’est grâce au langage qu’on se représente “la réalité” sociale, il est donc très important pour le pouvoir en place que les individus puissent penser leur vie d’une façon qui profite aux intérêts du pouvoir. 🙂

On ne peut pas exprimer et identifier complètement la florissante et complexe expérience de “la vie”.
Mais on va tenter de narrer nos histoires avec les outils (savoir + langage) que notre socio-culture nous a donné pour le faire. Et notre socio-culture cherche à maintenir son homéostasie comme tout système complexe, d’où un savoir unitaire distillé dans l’esprit des individus par tous les canaux d’information 🙂

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