Un combat perpétuel

Un combat perpétuel

Pour résumé, je suis né avec une déformation thoracique appelée Pectus excavatum, qui à mon adolescence me complexait énormément. De plus, mon creux se déportait du côté du cœur et pouvait à la longue devenir dangereux.
Je me suis donc fait opérer en 2007. Après mon opération, je pesai 56 kgs pour 1m93. Je n’avais aucun souci de santé (anorexie, carence…), c’était ma morphologie.

Je faisais mes études dans un lycée agricole, donc un établissement principalement masculin. Entre mecs à cet âge-là (16 ans), c’est la loi du plus fort. Donc oui, j’étais content, je n’avais plus ce trou au milieu de ma poitrine, mais j’avais toujours cette apparence rachitique qui me faisait passer pour un faible et ça, je ne le supportais plus !
J’ai donc cherché tous les moyens possibles pour me muscler et je suis tombé sur la méthode Lafay. En 2008, j’attaquais la méthode. Je m’entraînais 6 fois par semaine (1 jour bas du corps, 1 jour haut du corps, 1 jour de repos le dimanche) et je mangeais 6 fois par jour.
Je n’avais qu’un seul objectif en tête, monter à 90 kilos.

 

3 ans de méthode et j’atteins 80 kgs, je suis ravi de ces résultats et je continue ma progression pour atteindre mes 90 kg.

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Juillet 2012, 88 kgs

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Soirée qui finit mal…

Le 7 juillet 2012, je suis en soirée avec des amis et vers 2h du matin, on décide de se « finir » en boîte de nuit. La soirée se déroule très bien, à 6h on quitte les lieux, tout le monde était alcoolisé, mon état de fatigue et mes degrés d’alcool étaient tel que je monte dans la voiture malgré l’alcoolémie du conducteur ainsi que 2 de mes amis.
A mi-chemin, tout le monde dormait sauf moi et le conducteur. Le conducteur s’endort à son tour, il accélère de plus en plus car endormi le pied sur l’accélérateur. On heurte une barrière en béton à 120 km/h. Je reprends mes esprits juste après le choc avec plus aucune sensation dans les jambes et le siège conducteur enfoncé de 8 cm dans le genou gauche.
Les pompiers m’ont sorti du véhicule et je me retrouve 1h plus tard au CHU de Dijon sur une table d’opération. Je suis toujours conscient, je demande au monsieur à côté de moi ce que j’ai, c’était le chirurgien qui allait m’opérer du dos. Il me dit froidement que je ne pourrai plus jamais me servir de mes jambes. Tout s’effondre autour de moi, je me demande pourquoi moi et qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça !
1 semaine après mon accident, je reprends mes esprits, car les hautes doses de morphine m’empêchaient de penser et de réfléchir. Je me dis que ça n’est pas une fatalité sans vraiment savoir ce qu’est la paraplégie et que si je suis là aujourd’hui, c’est que le destin en voulait ainsi et je ne veux surtout pas montrer aux personnes de mon entourage que je suis faible.
Après 2 semaines au CHU, on me transfert dans un centre de rééducation. Je tiens à souligner que pendant ces 2 semaines au CHU, je perds 23 kilos je reviens presque au même niveau musculaire qu’a mes débuts de méthode en 2008. Arrivé au centre, on me donne mon emploi du temps des semaines à venir. Kiné 4h et ergothérapeute 2h par jour. Photo de mon arrivée au centre ci-dessous.

 

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Je progresse difficilement, car en plus de ma colonne, j’ai eu une fracture de l’omoplate droite et une fracture aux cervicales. Après 3 mois d’écharpe, ma fracture est réparée. Ma progression est fulgurante, en plus de mes heures de kiné et d’ergo, on me rajoute 1 heure de sport où l’on passe la moitié du temps à apprendre à manier le fauteuil dans toutes les conditions et l’autre moitié, au renforcement musculaire. Je reprends très vite goût à la musculation et je me fixais des objectifs toujours plus difficiles à atteindre tous les jours. Je reprends 10 kilos très rapidement. Voir photo ci-dessous.

 

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Mais je ne veux pas m’arrêter là, je veux reprendre la masse musculaire que j’avais avant mon accident et même davantage. Je regarde sur youtube si je peux trouver des vidéos sur des mecs en fauteuil qui font de la muscu. En France je ne trouve rien, par contre un mec du nom de Nick Scott qui est professionnel IFBB wheelchairs aux Etats-Unis, montre grâce à sa chaine youtube que même en fauteuil, on peut obtenir des résultats impressionnants. Bien sûr, on est aux US donc il ne faut pas se leurrer, le mec est chargé comme une mule. De plus, je me rends vite compte que l’on a pas du tout le même type de paraplégie, ce qui m’obligera par la suite à trouver mes propres astuces pour pouvoir m’entraîner sans douleur.

9 mois de rééducation plus tard, je sors enfin et je m’inscris la semaine d’après dans une salle et commence à me faire mes propres programmes. J’apprends à écouter mon corps. N’ayant aucune sensation dans les jambes et un équilibre du tronc limité, je me rends compte que bon nombre d’exercices me demandent un effort considérable alors que les charges sont relativement faibles. Là où une personne de mon gabarit fera du développé couché à 100 kgs, moi je tremble sous une barre à 40 kg.

J’abandonne tous les exercices qui me mettent dans une position inconfortable et décide sur les conseils d’Olivier de travailler en séries longues avec des charges minimes.
Je fais donc ce genre de programme pendant 1 an et demi. Début de l’été 2014, je décide de me fixer comme objectif, de réaliser des tractions avec mon fauteuil. Avec la condition physique que j’avais à ce moment-là, je parviens à en réaliser une dizaine très rapidement.
Plus tard, je les intègre à mon entrainement du dos. 6 séries entre 8 et 10 répétions avec un temps de repos de 1m30. Cet exercice est très éprouvant et je ne saurais pas expliquer pourquoi (étirement de la colonne sur une arthrodèse fixe ? sûrement). À chaque série, mon coeur s’emballe et quand je me repose au sol, j’ai la sensation que mes jambes se sont détachées de mon corps ! Avec le temps, les effets se sont estompés. Je réalise une courte vidéo sur une série de traction et la partage sur Facebook dans le groupe Lafay où je réalise plus de 200 000 vues, ce qui est tout à fait incroyable et me motive d’avantage.
Après les tractions, je voulais réussir à réaliser des dips. 6 mois après ma réussite aux tractions, je réalisais mes premières dips. Pareil, je les inclus dans mon programme pectoraux et obtiens de super résultats.

 

Aujourd’hui, je suis capable de réaliser tous les exercices de la méthode pour le haut du corps, sauf les pompes une main qui me demande trop d’équilibre. Aujourd’hui, je pratique la méthode 2 fois par semaine en incluant juste du curl pour les bras et en milieu de semaine, je vais à la salle pour corriger mes asymétries avec une séance vraiment cool.
Et les résultats sont là. Aujourd’hui, je ne saurais pas dire combien je pèse, car mes jambes ont énormément perdu de volume, mais pour ce qui est du haut du corps, je n’ai jamais été aussi sec et musclé même en étant valide. Comme quoi tout est réalisable et ce n’est pas fini, je compte bien progresser davantage et prouver aux gens que la paraplégie n’est pas une fatalité et que ma vie peut être autant voir plus enrichissante que celle des valides :-).
Bien entendu, je ne suis pas rentré dans les détails de la paraplégie, car oui les jambes ne bougent plus mais il y a tous le handicape invisible à prendre en compte qui est justement bien plus difficile à maîtriser et à vivre au quotidien et m’empêche parfois d’être régulier.
J’espère que ces quelques lignes vous auront donné assez d’énergie pour réaliser vos futurs projets !

 

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8 réflexions au sujet de « Un combat perpétuel »

  1. Un exemple à suivre !!! Mec lâche rien t’es juste énorme !!! RESPECT !!!

  2. Bonjour, je tiens à te féliciter car tu es très fort mentalement et tu as su surmonter tout les obstacles. Franchement, bravo

  3. Juste la classe mec, vraiment je te respect pour ta volonté et ta motivation à te battre !
    Lache rien !

  4. Une volonté fantastique !!!!!!!!!!!!
    Respect Monsieur

  5. Je te suis particulièrement a chacun de tes posts…
    Et je t’admire… continues ainsi!

  6. J’ai commencé à lire ce témoignage car comme l’auteur, j’ai le thorax enfoncé… Bien moins que lui à l’époque.
    Je ne m’attendais pas à un tel récit.
    A travers les différentes périodes de sa vie c’est un mental en acier qu’il met au service de son corps et donc de son bien-être.
    Impressionnant !

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