LE GUIDE DU ROUTARD ATHLÉTIQUE

LE GUIDE DU ROUTARD ATHLÉTIQUE

(par Thibaud Molimard)

 

 

Bonjour à tous !

Pratiquant de la Méthode Lafay depuis un peu plus de trois ans maintenant, certains d’entre vous me connaissent grâce aux conseils que j’essaie de distiller sur les carnets d’entraînement du forum, d’autres ont vu ma trombine dans le tome 2, ou encore peut-être avez-vous suivi mon évolution de ces derniers temps via la page officielle de la Méthode Lafay.

En effet, depuis quelques mois, bien que je sois de retour maintenant depuis une semaine en France, je « survivais sportivement » à l’autre bout du monde, en Amérique du Sud. J’ai parcouru cinq pays : Pérou, Bolivie, Chili, Argentine et Brésil.

 

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Un voyage qui me tenait à cœur depuis des années et qui parallèlement à cela m’a imposé la question de l’entraînement sur place. Je plongeais dans l’inconnu et j’ignorais encore avant le départ si j’allais être capable de continuer à pratiquer au moins la Méthode Lafay. Ou du moins une activité physique régulière pour garder une bonne santé et qui ne soit pas impactée par tout ce que j’allais faire et vivre là-bas.

Fallait-il tout stopper et profiter à fond de l’expérience ? Prendre le risque de continuer en ratant éventuellement quelque chose derrière ? J’ai voulu combiner les deux, et c’est une réussite !
Mon challenge en partant était de me maintenir en terme d’esthétisme et de performances, avec l’instabilité permanente de l’environnement.
C’était d’ailleurs une sorte de pari avec moi même.

 

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La plupart de mes proches supposaient que de toute façon je n’y arriverais pas et qu’éventuellement je reprendrai l’entraînement en janvier. Mais trois mois, c’est très long quand on est seul, et à la fois très court, pourquoi ne pas essayer ?

Dans les faits, on est bien d’accord, c’était souvent terrible hahaha !
Pas de régularité dans les trainings puisque j’étais nomade, pas présent sur une étape plus de 3 à 4 jours. Une alimentation souvent déplorable avec les moyens du bords, parce qu’il a fallu s’adapter à la culture et aux pratiques locales, et manger ce qu’il y avait. Une fatigue accumulée par, d’abord, le décalage horaire, puis des journées éprouvantes physiquement, remplies de découvertes, paysages, rencontres et émotions.

 

Lac Titicaca, Pérou/Bolivie

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Un repérage systématique de mon environnement, au fil des petits hôtels et auberges de jeunesse que je visitais au fur et à mesure. Je cherchais de tout. Des chaises, des meubles de différente hauteur, des supports pour fixer mes sangles, une barrière sur un balcon, un angle par ci , un petit bureau pour K2 par là, j’empruntais des chaises à l’accueil de l’auberge s’il le fallait, je prévenais que j’allais faire du sport pour éviter toute incompréhension et selon mon état , si j’avais, disons, une heure devant moi, même si j’étais au beau milieu d’un dortoir, c’était parti, je m’entraînais !

Au départ, j’ai dû faire face à de nombreux freins à un entraînement cadré, stratégique et méthodique que l’on peut pratiquer chez soi :
quasi absence de légumes, peu de fruits, beaucoup trop de glucides dans tout ce que je mangeais, notamment au Pérou et en Bolivie ou personne n’a d’expérience et de connaissance en terme de diététique. Ils mangent, point. Peu importe si c’est trois fois par jour du riz et du poulet sans légumes.

 

La citadelle de Macchu picchu , vue du wayna picchu

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Impossible de manger à heure fixe et en quantité égale.

Impossible de faire ses courses en supermarché, puisqu’il n’y en a pas là-bas (Pérou/Bolivie) et impossible d’acheter sur les marchés extérieurs pour une question d’hygiène qu’il n’y a pas du tout en comparaison de la France.
Bactéries, parasites et maladies virulentes sont partout, donc j’ai fait avec les moyens du bords.

Gestion des conditions climatiques et de l’altitude, de 0 à 5000m et de -17°C la nuit à 35°C la journée sur les hauts plateaux centraux de la Bolivie (oui ces deux premiers pays m’ont pas loupé..).
Et beaucoup d’autres…

 

Parc national de Toro Toro, en Bolivie

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Mon poids a fait le yoyo pendant trois mois.La veille du départ, je pesais très exactement 80,4 kg, pas vraiment sec mais tout de même athlétique. Je suis descendu à presque 72 kgs dès le premier mois et demi. L’impact psychologique a été très difficile à gérer, surtout parce que je ne pouvais pas lutter contre cette perte de poids, à moins d’abandonner en grande partie tout l’intérêt de mon voyage, en restructurant complètement mon environnement comme vous et moi pouvons le faire chez nous, mais je ne voulais pas.

 

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Ce premier gros mois, bien que très compliqué, m’a apporté une relation différente à mon corps. Savoir le respecter malgré ces barrières et accorder dans l’entraînement une place encore plus grande à sa Gestion Stratégique (cf Tome 2 de la Méthode Lafay).

Le temps d’arriver au Chili où je savais qu’une sorte de « modernité européenne » reviendrait, j’ai tout axé sur les perfs plutôt que sur mon poids, que j’allais faire remonter ensuite avec un peu plus de confort alimentaire.

 

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Parlons technique.
Je continuais toujours les trainings malgré la malbouffe, dans les endroits les plus improbables qui soient, en jouant avec les TAS (technique anti stagnation), en respectant scrupuleusement les amplitudes, en remplaçant A12 par A6 en 2ème exercice pour une question pratique…

Je ne suis jamais allé au delà du niveau 8 et j’étais déjà en boucle depuis un moment. Pour le sur place, j’ai choisi de rester tout le long sur le niveau 4, simple à mettre en place dans ce genre d’environnement, brut, terriblement efficace, monumental en terme de sensations, radical pour juger de la congestion, et donc de l’état de fatigue ou non. Bref, faites le niveau 4…

 

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Pour les tractions, j’ai tout remplacé par des tirages plus ou moins horizontaux au TRX (sangles de suspension), uniquement en pronation, à raison de six séries sous forme de mode, là aussi, avec le même temps de récupération. On peut considérer que c’était des formes dérivées des exercices C et leurs variantes sous les chaises.

Je n’ai fait AUCUNE traction classique en 3 mois, je dis bien aucune, si ce n’est le tout dernier jour avant de prendre mon vol retour le soir, où je me suis entraîné à Rio dans une salle de fitness. Le premier essai étant gratuit, avec enfin une station de dips décente et une barre de tractions, j’ai décidé de rejuger proprement de mes perfs, et j’ai pu me peser.

 

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Le résultat était assez hallucinant.

Avant départ, je venais d’attaquer le niveau 4, j’étais tranquillement en train de monter la triade, sur un mode 12 validé sans problème.
J’ai refait exactement les même perfs le dernier jour, certes avec un peu plus de mal sur les tractions, mais avec une exécution parfaite. 4 kg en moins sur la balance (76 kg) mais 5 de plus qu’en Bolivie hahaha !
Et un résultat esthétique plus qu’appréciable pour moi.

De retour ici, tout me semble beaucoup plus facile, facile à cadrer, à suivre. Le retour est terriblement difficile : émotionnellement c’est une chose, mais pour la reprise d’un entraînement stable c’est un boost énorme qui m’arrive en pleine figure. Mon poids va remonter petit à petit, mes perfs vont suivre car l’alimentation chapeautera le tout, j’ai enfin pu reprendre A12 et retrouver ma maudite barre de tractions !

 

Glacier Perito Moreno, Patagonie Argentine

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Ces trois mois ont été une formidable épreuve mentale et physique pour moi, mais j’en ressors avec une approche différente de l’entraînement et de la relation au corps et à l’esprit. Et si j’ai bien compris une chose au cours de ce voyage, c’est que pour s’entraîner efficacement, il faut aussi une forme de confort pour cadrer son environnement, fonder ses repères et progresser sur le long terme, tout en respectant son corps.

Le confort est un luxe que je n’ai pas eu là-bas mais, malgré ça, grâce à la méthode Lafay et son approche, ses TAS, sa devise appliquée de « peu d’efforts, beaucoup d’effets, ça m’a permis de lâcher du lest quand il le fallait et les gaz quand je le pouvais.

Elle m’a tout simplement permis de survivre au milieu de l’inconnu.

 

La statue du Christ Rédempteur, Rio de Janeiro (Brésil)

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Aujourd’hui je reviens avec une motivation décuplée.
Profitez de ce confort pour prendre soin de vous, de votre corps, de votre esprit. Utilisez-le pour atteindre vos objectifs, vous avez tous les outils… Servez-vous en !

Bon training 😉

 

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