Saltus perceptuel

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Saltus perceptuel

“Autre concept important, le changement n’est pas linéaire. Voilà pourquoi, sur une échelle de zéro à dix, nous procédons dans l’ordre, du un au dix mais, comme on l’observe dans la nature pour tous les phénomènes naturels climatiques, physiques et biochimiques, notre progression n’est pas linéaire. Les changements ont des sauts, comme le décrit la théorie des catastrophes, ou alors ils se font en spirale et donc ils vont en avant, puis en arrière, puis en avant, où le fait d’aller en avant revient à revenir en arrière, pour ensuite avancer.
(Giorgio Nardone)
 

La majorité des approches linéaires et rationalistes visant le changement ne prennent pas cela en compte. C’est le cas de la musculation classique, dont les cycles et planifications sont rigides ou assez rigides, soumis au “principe de réalité” déterminant la voie à suivre (la croyance dans le No pain no gain).
L’adaptation est forcée, et la tentative de soumettre les cycles naturels à des “cycles de papier”, si elle donne des résultats à court terme, conduit à l’épuisement de l’individu à plus long terme (blessures, pathologies mentales et physiques diverses). Cette pratique induit et justifie le dopage, car les drogues sont alors le seul moyen d’échapper aux blocages résultants d’une confrontation perdue d’avance avec un “réel” que l’on veut soumettre (au lieu de coopérer avec lui).
 

La Méthode a développé les concepts de Boucle et Mini boucle, où le cycle est au coeur même de l’entraînement, cherchant à épouser au plus près les cycles naturels, se greffant sur “l’ordre des choses” et produisant une transformation silencieuse. L’adaptation (la transformation corporelle) n’est plus forcée, elle est juste “invitée à se produire”. Le principe de la Méthode est de créer les conditions pour que l’évolution se produise quand elle est possible avec un minimum de heurts, de violence envers soi et donc d’effets secondaires pénibles et désagréables. Comme dans le Yoga ou la stratégie chinoise, nous cherchons le chemin de moindre résistance. Il s’agit d’apprendre à chevaucher son tigre.
 

Ceci n’est pas immédiatement perceptible de prime abord, surtout si l’on ne pratique pas, et ce malgré les textes de fond, qui informent, mais ne peuvent produire le déclic sans la pratique.
Aussi, c’est la pratique régulière de la Méthode, en suivant les prescriptions pour une bonne gestion de l’entraînement, qui conduit au Saltus perceptuel, c’est-à-dire un changement de perception de la “réalité” en ce qui concerne la meilleure façon d’obtenir du muscle. Peu à peu, de déclic en déclic, de petit pas en petit pas, on se débarrasse de l’a priori No pain no gain pour entrer dans une autre réalité, qui s’avère de plus en plus gratifiante.
 
“Il ne faut pas faire violence à la nature, il faut la persuader.”
(Epicure)
 

Nota : Giorgio Nardone parle d’une “échelle de un à dix”. Dans le cadre de la Méthode, il s’agit des niveaux 1 à 13. Ce qui signifie que la progression suit une avancée dans les niveaux, mais avec de fréquents allers et retours; le changement linéaire s’inscrit dans de petits cercles, eux-mêmes inscrits dans des cercles plus vastes, eux-mêmes inscrits dans de plus grands cercles encore, etc. La structure est linéaire, le processus est circulaire.

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